FRANKIE – antidote du quotidien - Chapitre 1

FRANKIE – antidote du quotidien.

C’est reparti...
J’ai mis dans la voiture un de ces albums compilés de ces standards chantés par Frank Sinatra, j’ai sorti le coffret de vinyles offert par Jean Marc (original masters recordings - 16 albums) et me voici de nouveau happé, incapable de passer à « autre chose », hypnotisé par cette voix, ces arrangements somptueux, ce feeling inimitable, cette classe, cette présence, cette élégance, cette perfection.
Frank Sinatra, Frankie, The Voice, Sinatra... peu importe le degré de familiarité qu’on croit pouvoir s’octroyer avec l’artiste - ce petit gars nerveux au cœur tendre, à la vie tellement médiatisée, sujette à polémiques, pamphlets, analyses sociales sur un rêve américain chargé de mythes mafieux – peu importe la façon dont on s’approprie l’homme dans notre vie... il suffit de poser le diamant sur le premier sillon, d’appuyer sur la touche play du lecteur CD, ou de son iPod dévorant la nième compilation de ses tubes... le charme, l’espace d’un trait cuivré, d’un « verse » enrubanné de cordes Disneyland, d’un piano vaporeux, opère instantanément en quelques secondes.

Frank Sinatra, je l’ai découvert réellement, sur le tard.
Comme tout à chacun, à part « My Way » (chargé d’un a priori défavorable dû à Claude François) ou encore par le souvenir des discussions captivantes de mon grand-père qui avait été son chauffeur attitré dans ses années de gloire quand il venait en Europe,  il m’apparaissait parfois devoir  l’écouter « obligato » quand je bossais tel ou tel standard de jazz, référencé au bas du Real Book.
Sans plus.
Ce côté Las Vegas, paillettes et bling bling, pas trop le truc d’un jeune qui cherche l’identification dans le bop, Parker, Diz, Max et Miles, qui rêve de liberté free avec Ornette, qui plane ECM...

J’ai bien failli le laisser sur l’étagère des talents, de ceux qu’on respecte, mais qu’on n’approfondira certainement pas.
C’est mon ami Patrice qui, sachant que j’écrivais régulièrement des arrangements, me mit l’oreille dans Sinatra, il y a un bon moment déjà, mais sur l’échelle du temps, on dira que c’était en âge d’une capacité à avoir maturité de l’apprécier et le comprendre.
Il m’a demandé de l’écouter attentivement car il m’avait commandé des orchestrations pour ses chansons (bien belles d’ailleurs) et l’exemple Sinatra, dont il était un inconditionnel, lui apparaissait comme évidence.
Je suis donc entré dans le son et l’expression de cette voix miraculeuse, par l’orchestre, par l’écrin, par tout ce qui l’auréole, découvrant au passage les noms de ses partenaires orchestrateurs/arrangeurs célèbres...
Ogerman, May, Hefti, Riddle, Stordahl, Oliver...
Ouvrir une porte, entrer dans un immense univers chargé de couleurs, d’émotions, de multiplicité, de féérie, de magie, de sentiments, l’espace d’une attention particulière et voilà j’étais désormais non un fan, juste un amoureux de cette musique au service d’une voix unique, au surnom d’un réalisme absolu « The Voice ».

A partir de ce jour ce timbre, cette appropriation des standards ne m’aura jamais quitté et Frank Sinatra reste un repère, une escale obligatoire, un chez moi bienfaisant, un espace intime que je peux encore écouter des heures, me laissant porter, selon l’envie ou l’humeur, par l’apparente simplicité du propos, le savoir de l’écrin orchestral, la technique vocale parfaite, l’expression rarement exacerbée, la foule de sentiments qui jaillissent à chaque titres ou encore juste l’Amérique... celle de ce rêve qu’on a installé dans nos gênes culturels.
Celle des paradoxes, dont le dernier en date n’est pas le moindre sur l’échelle de l’histoire de cette immensité que j’adore.

Sinatra, je le perçois d’abord comme une voix, une voix qui sait et peut toujours toucher, émouvoir, être un reflet simple de l’âme, des sentiments, de la vie aussi.
Il chante la vie, ses joies, ses peines, ses incertitudes, ses nostalgies, ses regrets, ses souvenirs.
Il chante l’amour, la séduction, la peine de cœur...
Il danse, il rit, il s’amuse, il flirte, il déconne.
Il est grave, impliqué,
Il peut aussi être léger, insouciant...
Sa voix symbolise tout cela à la fois, c’est peut être bien pour cela qu’elle nous touche dès qu’il prononce la première syllabe d’un mot, dès qu’elle dessine la trame d’une phrase, dès qu’il use de ce charme indicible qu’on qualifie de crooner.

Frank Sinatra est une encyclopédie du standard de la musique américaine : jazz, bossa, Broadway et ses comédies musicales, la frontière du classicisme gershwinien.
Ses interprétations sont une lecture parfaite d’un grand pan de culture américaine « mythique », de ce vaste répertoire dont on dit qu’il s’est inscrit en quête de repères et d’histoire et qui est en lui-même histoire, patrimoine, culture.
Aborder le moindre standard de musique américaine sans écouter et connaitre une des versions de Frank Sinatra m’apparait finalement comme une aberration, une hérésie même.
Il est quelque part en repère l’essence et la quintessence de foultitude de titres auxquels il a su donner une aura universelle, une approche de ce qui pourrait certainement être qualifié de véritable « variété internationale », ce, sans aucune connotation péjorative.
Billie Holiday chante et réinvestit le standard, le personnalisé à un point tel qu’il devient sa chair, sa vie, son âme.
Ella Fitzgerald lui donne tout l’écrin du jazz, le stylise, le dessine tel, le transporte vers un swing inimitable de culture afro-américaine.
Louis Armstrong « l’instrumentise », le chante comme il en joue instrumentalement, il ne fait qu’un avec la musique, son chant est musique, sa trompette est chant.
Nat King Cole le met au bout de son piano, Tony Bennett le « showise »...
Frank Sinatra est plus universel, plus « général » tout en étant si personnel, comme si il était finalement l’archétype du modèle, de l’exemplaire, de l’évidence, d’une forme de certitude aussi.

Tellement d’ouvrages sur Sinatra, tellement de méandres mélangeant sa vie sulfureuse, ses écueils, ses succès, son caractère sanguin, toujours cette admiration sur l’homme et... sa voix, toujours au centre de cela, mais qu’en est-il exactement ?...
Des années que je l’écoute, que je me penche sur cette façon unique et exemplaire, quasi pédagogique qu’il a de chanter et d’interpréter le moindre mot, la moindre syllabe, la moindre phrase, le dessin mélodique, la décomposition rythmique mue par ce swing interne  qui ne faiblit jamais.
Frank Sinatra ne braille pas le blues, sa technique est finalement très proche ou similaire à celle d’une forme de chant lyrique, sans en faire ressortir les us et coutumes.
Ella a elle aussi cette direction vocale, ce sens du contour, cette technique au service de l’expression.
Il peut et sait avoir la puissance, ça, il l’a appris à ses débuts alors qu’en place d’un micro il usait d’un parlophone, ou chantait sans la moindre amplification face à une « armée » de cuivres et autres saxophones et anches – et, bien que ceux-ci étaient arrangés de façon à lui laisser un espace crédible, proposant les tuttis en alternance, il fallait passer au-dessus de cette masse sonore.
Frank Sinatra a donc en lui une formidable puissance dont il use, mais n’abuse, dont seule une technique vocale d’un parfait contrôle sensoriel, corporel et respiratoire peut lui permettre de toujours donner cette sensation d’aisance, de facilité, de naturel et de simplicité.

Mais ce qui me fascine le plus chez lui est cette façon quasi unique qu’il a de gérer le déroulé de ses phrases, en particulier de ses fins de phrases...
Il semble toujours survoler l’orchestre, imposer une ligne légère, ponctuée d’inflexions renforçant soit le caractère du propos, soit le swing  du titre. Les points culminants de chaque phrase sont amenés avec un sens quasi scientifique, il sait là où ça prend, là où ça dresse le poil qu’il soit en ballade ou en swing, au Brésil ou en croisière.
Puis... il faut tendre l’oreille sur chacune de ses fins de phrase, sur chaque mot précédent une « virgule » du texte musical.
Frank va « au bout », tout au bout, au maximum possible de la note ultime. Il lui confère ainsi un sens inédit, un poids et une valeur intenses, émotionnels ou imperceptiblement rythmique.
On chante avec lui, il va toujours plus loin que nous, tellement loin...
On s’entraîne alors à tenter faire de même, il nous met systématique hors-jeu, lui a encore de la « réserve », un souffle, une durée, il fera siffler, claquer ou gémir sa consonne ultime au moment extrême, sur le fil, en limite totale avec la phrase suivante.
Il passe ainsi toujours au-dessus de l’orchestre et reste le maître à bord, sa voix reste en mémoire, le mot s’inscrit dans l’espace-temps, son sens se dimensionne et l’émotion, le feeling prennent toute leur place légitime.
Il se nourrit des arrangements pour mieux s’en émanciper.
Cordes, cuivres, section rythmique sont des tremplins pour un seul souci : exprimer l’histoire, les mots, le caractère du standard abordé, donner un sens et une direction à la « chanson ».
S’il coupe brusquement la phrase, l’auditeur, habitué à ce legato de l’extrême sera empli de cette sensation appelée swing (aujourd’hui groove).
Rien qu’avec une inflexion vocale il va re-dynamiser toute l’écriture de l’orchestre, toute sa couleur et donner à cet infime moment une trace qui va rester en mémoire.
Sa diction, son articulation sont l’équivalent d’une méthode de prononciation de l’anglais, précision chirurgicale du mot, contour de la phrase, prononciation théâtrale du texte, détail rythmique des consonnes, souci mélodique des voyelles, inflexions, glissandos, exclamations, interrogations, rien n’est laissé au hasard et tout est scrupuleusement respecté à la lettre, au texte.

On aura dit cette voix chaleureuse, sensuelle, attirante – il en joue et le sait le lascar...
Comme une très belle femme sait user de son pouvoir de séduction avec un simple regard, un croisement de jambes, un mouvement de chevelure, un trait de maquillage, un léger mais attirant décolleté, Frank Sinatra sait séduire en un mot, en une minuscule pirouette vocale, en susurrant ou « lyrisant ».
Pas de ces vibes en maniérisme inutiles qui inondent nos quotidiens formatifs, juste la classe, le minimum et il emballe en un mot, un clin d’œil, un trait d’humour, un sourire, une larme aussi – c’est un acteur de la chanson, un comédien de Broadway et de la rue, une canaille attachante, un voyou en rédemption permanente, un beau parleur/chanteur, un dragueur invétéré, un séducteur compulsif et éternel...
Un artiste, un homme qui donne un sens réel à ce mot.
Nous voici donc embarqués pour une promenade au fil de titres choisis çà et là, piochés dans ces années lumineuses Capitol (Studios Hollywood) de pré sixties, de chambardement rock’n’roll et pop qui lui firent intégrer avec toujours cette classe le pop song, le Brésil et sa bossa mais aussi des projets plus intimes, personnels (Watertown)...

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Par thématique,
Deux thématiques pour aujourd'hui...
Trois titres, tellement de choix possibles...
Mais il faut savoir rester concis mais il y aura... plusieurs chapitres... on ne visite pas un pays immense en une poignée de jours.

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Frank Sinatra chante le blues.

« The Blues in the Night » - Album « Sinatra sings only for the lonely » - recording dates May/June 1958. Produced by David Cavanaugh – Arranged and Conducted by Nelson Riddle.


Le blues, cet ineffable sentiment, ce poids inévitable ancré dans la culture américaine, cet axiome obligatoire – les américains le déclinent sous tous les angles, sous toutes les formes...
Il y en a tant.
Ici Nelson Riddle lui donne l’aura du classicisme à la Gershwin, celle des grandes œuvres, de l’ampleur, de la profondeur. La forme en AABA allonge le propos, donne à l’ensemble le pouvoir d’une mélodie écrite, figée dans l’encre.
Elle permettra un développement orchestral qui va aider le texte et permettre à Sinatra de poser chaque mot, chaque intention, chaque dessin mélodique, il ira jusqu’à un appel en puissance, parfaitement retenu vocalement afin que ce sifflement solitaire prenne toute sa fatale dimension.
La section rythmique joue les tableaux du 12/8, tendant parfois à le singulariser en 4/4 et s’émancipe en dédoublant pour un swing interne, quand cela sera nécéssaire.
L’homme (ici la femme, le titre inverse les rôles, interprète oblige) au beaux discours partira seul jouer le blues dans la nuit – il a deux visages, il la laissera tomber pour le blues... sa mère (son père) l’aura avertie (i)...
On y parle de train, d’écho lointain, d’amour trompé, le temps est lourd, il pleut et l’atmosphère est angoissante, un cliquetis, le blues est un appel, un aimant, au loin dans la nuit profonde du Sud.
Frank siffle, murmure, les flûtes installent le crépuscule, seul sur la contrebasse il avance dans la nuit. Une trompette harmon l’appelle, un vague piano lui rend la pareille.
Les cordes prennent le pouvoir, suivies des anches et le poids de cette moiteur nous poursuit.
L’orchestre joue avec le tempo, le pont somptueux, chargé de pizz, de chromatismes, d’effets rythmiques flûtés crée l’alternance. Frank siffle encore, l’ensemble lui rend sa solitude...
Le jeu orchestra imaginé par Riddle colle au sujet, Sinatra s’en empare, survole l’écrin pour le magnifier.
Il y a là un poids qui prend l’auditeur.
Il y a là cet autre blues, celui des sentiments, de la solitude et de l’incertitude, celui de la vie et des rapports filiaux. Le réverbère luit au bout du quai, le blues appelle.
Suivons le.

« Angel Eyes » - Album « Sinatra sings only for the lonely » - recording dates May/June 1958. Produced by David Cavanaugh – Arranged and Conducted by Nelson Riddle.


Même album, même densité orchestrale.
La solitude, un bar, des gens, inconnus, le bonheur est là autour, mais pas en soi...
« Angel Eyes », est posé sur le principe du blues, là aussi avec cette ouverture de forme AABA qui permet au texte de prendre un autre pouvoir que le schéma des 12 mesures réductrices.
Frank peut théâtraliser ces yeux d’anges, quête perdue dans la profondeur la nuit, il les fait vivre, imaginer, leur donne une dimension dramatique.
L’ouverture des cordes est en elle-même un appel.
Have fuuuuun, démontre cette capacité à chercher là-bas, tout là-bas le fin fond de la phrase.
La contrebasse joue encore son rôle crépusculaire, cors, bois, tentent d’ouvrir un peu la zone sombre, mais il faudra le retour du pont pour oser un peu espérer et s’intéresser à l’entourage décalé de l’âme de l’interprète.
Le rôle de la harpe, délicatesse transitoire, les cordes suspensives, les cors omniprésents...
Frank n’en peut plus, il s’excuse, bredouille quelques mots, le bonheur n’est pas pour lui ce soir, il a l’alcool triste – il file et disparait dans la nuit sombre, sa quête fut vaine, il l’a perdue.

« One for my baby » - Album « Sinatra sings only for the lonely » - recording dates May/June 1958. Produced by David Cavanaugh – Arranged and Conducted by Nelson Riddle.


Frank chante bel et bien seulement pour les âmes seules, il le fait par et avec le blues au travers de cet album dont j’ai choisi les extraits.
Il est entouré d’un écrin orchestral somptueux, luxueux mettant en valeur sa voix avec une sobriété et une adéquation pointilleuse.
« One for my Baby » et son piano presque bastringue, oscillant entre pompe et phrases bluesy de style et de caractère est un de ces standards pour lequel j’ai une forme d’affection.
Ce type collé au comptoir, plaqué par sa petite amie, courte passade en laquelle il avait certainement cru est particulièrement attachant.
Il a surement tout gâché, il raconte sa vie à Joe, serveur ou barman. Il n’y a plus qu’eux, il s’en sert un dernier avant de reprendre la route et à la mémoire de sa chérie.
Il met une autre pièce dans le juke box, toujours cette même chanson, il la connait par coeur, cette solitude alcoolisée, cette tristesse lancinante, cette vie de looser récurrente.
Joe s’impatiente, il veut fermer, mais Frankie veut raconter sa triste histoire, son lot...
Il s’épanche, s’excuse encore d’avoir rabattu les oreilles de l’assistance, la chanson doit se finir et il en veut encore un dernier pour la route... et pour sa chérie.
L’orchestre offre son tapis de cordes, le pianiste, là-bas, au fond de l’hôtel attend lui aussi, il bluese en solo...
Un sax annonce qu’il est temps d’y aller... les cordes se renforcent... Joe insiste...
« Allez Frankie, c’est bon, un dernier... pour la route et après, on ferme... à demain... »

Frank Sinatra chante l’Amérique.

« Stars fell on Alabama » - Album « A Swingin’ Affair ! » - recording dates 15 to 28/1956 Capitol Studios Hollywood. Produced by Voyle Gilmore – Arranged and Conducted by Nelson Riddle.
Mercredi 13 Novembre 1833, une pluie de météorites (plus de dix mille étoiles filantes – une pluie de Léonid) est observée en Alabama, elle tombe chaque année mais c’est à cette date qu’elle fut la plus importante.


Frank en profite pour une soirée romantique et féérique. Ses bras enlacent sa chère, tendre et glamour amourette, le cœur battant, le corps balançant de swing, le voilà parti pour quelques pas de danse célestes, bien décidé à conclure sous couvert d’un romantisme hollywoodien sur grand écran panavision.
Les étoiles tombent dans la nuit au gré de ces flûtes et cordes qui glissent dans les cieux.
Les cuivres et clarinettes ponctuent ce swing sentimentalisé par notre amoureux devant l’éternel, heureux, charmeur, jovial et dragueur à souhait.
Quelques glissades étoilées illuminent le ciel musical tout au long de cette romance.
Elle est sous le charme, c’est dans la poche.
Frank emmène ses conquêtes partout en Amérique, les hôtels, les chalets sur paysages enneigés, le luxe, la romance, l’amour et le french kiss... sacré Frankie, incorrigible...

« Moonlight in Vermont » - Album « Come fly with me » - recording dates octobre 1957 Capitol Studios Hollywood. Produced by Voyle Gilmore – Arranged and Conducted by Bill May.


Je jette un coup d’œil rapide sur la liste des musiciens... gros casting... Buddy Collette s’est glissé aux clarinettes, Joe Mondragon est à la basse, le formidable Alvin Stoller aux drums...
Cette fois Frankie a pris la route, le cadre est romantique, il a neigé, il fait même chanter les câbles du télégraphe le long de l’autoroute qui les a amenés dans ce cadre idyllique.
Il emmène régulièrement ses conquêtes féminines ici, dans le Vermont afin d’une romance au clair de lune, à la brise de l’été, au frisson de l’hiver...
Il vient mystifier ce cadre enchanteur et l’inscrire en souvenir amoureux.
Les symboles s’installent dans notre univers filmographique de culture américaine, télégraphe, autoroute, clair de lune...
On est installés face au grand écran, la sérénade des cordes ouvre ce bal et c’est nous que Frankie hypnotise par son chant là encore tellement détaillé, par cette façon de prolonger la phrase, par ces infimes inflexions, décrochés de voix subtils, ce ralenti rubato qui va nous faire regretter que : Comment ? C’est déjà fini ?...
Les cors cuivrent afin de résister à l’appel conclusif, Frank va creuser vers les graves, le tapis neigeux des cordes a charmé la belle au clair de lune disneyen, il y a un temps pour la romance, certes.
Il y a aussi un temps pour tout – attention Frankie à la neige sur l’autoroute en allant rejoindre le chalet, là-haut sur ce pan de montagne enneigée.

« Autumn in New York » - Album « Come fly with me » - recording dates octobre 1957 Capitol Studios Hollywood. Produced by Voyle Gilmore – Arranged and Conducted by Bill May.


Frankie aime New York, on le sait...
Au travers de l’album « Come Fly With me », ce pré concept album précurseur qui offrait à l’Amérique moyenne un voyage de rêve à travers « le monde », avec son arrangeur Bill May, ils posent l’avion privé et s’offrent une ballade automnale doucereuse dans la cité mythique.
Cordes soyeuses qui tombent comme les feuilles à Central Park, envolées hollywoodiennes, « why does it seeeeeeeeemmmmmm...so invited ! », chaque mot, chaque intention, chaque phrase, là encore...
On rêve, Frankie joue les agents de voyage de luxe, cette escale forcément romantique se charge d’un brin de nostalgie amoureuse. Les cors associées aux flûtes, ponctuées de bois sentimentalistes, surenchéris de cordes satinées installent un décor là encore cinématographique bienfaisant, chargé d’imaginaire pelliculé, de classe et d’élégance. Frank, l’autre 007 de la croisière romantique ?...

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Décembre 1953.

Frank Sinatra :
« La mélodie doit être la toile de fond des paroles. Bien sûr elle doit être belle, avoir une musicalité...
Mais chanter une chanson c’est un peu comme lire de la poésie avec un orgue ou un autre instrument  qui joue en arrière-plan. Les paroles doivent avoir quelque chose de spécial comme celle que Larry Hart, Oscar Hammerstein, Ira Gershwin, Johnny Mercer et Sammy Cahn ont écrites. Vous savez, j’ai un vrai respect pour tous ceux qui savent écrire... »

Alan Livingston (Président Capitol Records) :
« Tout d’abord il était surtout intéressé par les paroles et prêtait peu d’attention à la musique. Si les paroles le touchaient, s’il pensait qu’elles étaient bonnes, il faisait la chanson. Je pense que c’est l’une des raisons de son succès. C’était un grand interprète parce qu’il s’imprégnait des paroles et il chantait en s’intéressant à ce qu’il disait. Il n’entrait pas seulement dans le studio pour chanter la chanson, il passait du temps avec les paroles pour les comprendre et voir ce qu’elles représentaient pour lui. Puis il répétait la chanson, tout seul, et la répétait encore et encore... ensuite il allait dans le studio où était l’orchestre et il chantait. La plupart des chanteurs que j’ai enregistrés – et la plupart des chanteurs en général – ne s’impliquaient pas autant. Nous choisissions une chanson, ils allaient en studio et la chantaient probablement pour la première fois...
Frank était différent. Il insistait pour la travailler et étudier le phrasé. C’était SON phrasé, l’attention qu’il prêtait aux paroles et ce qu’il disait faisaient de lui un grand artiste »
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Une séance de studio avec Sinatra a lieu en soirée, généralement.
De 20 h à minuit.
En général quatre heures suffisent pour enregistrer quatre chansons.
Alan Livingston : « Nous n’avions pas les moyens de faire des répétitions. Tous les musiciens étaient très compétents, de très bons musiciens. Ils déchiffraient et, si quelque chose ne lui plaisait pas, il le disait. »

Source : « Sinatra » - Richard Havers.

à bientôt pour le chapitre 2...

Commentaires

  1. Beau billet Pascal
    Je suis revenu vers Sinatra il y a quelques mois ( je crois t'en avoir déjà touché deux mots ) avec l'album " Watertown " de 1970.
    Album qui fut un bide historique dans sa carrière et n'a jamais vraiment trouvé son public.
    Et pourtant bel album à mon goût, composé par Bob Gaudio et Jack Holmes.
    Pas son chef d'oeuvre certainement mais disque à redécouvrir et puis porte ouverte pour me replonger dans une partie au moins de son immense discographie.
    Vivement le chapitre 2

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    1. Merci de ton retour,
      Watertown est un album que j'apprécie particulièrement, sombre, différent, comme une passerelle vers un autre chose.
      Sinatra va, là, carrément ailleurs et c'est pourquoi cet album semble autre - un véritable artiste donc, capable de se repositionner, de prendre un recul face à l'évolution musicale et sociale et à sa vie aussi.
      En fait, chez lui il y a les "tubes" et, comme ici dans ces années Capitol/Hollywood, il y a des trésors cachés ou pas toujours mis en avant... chacun de ces albums de la période mythique recèle des merveilles...
      Donc le chapitre 2 est en route, faudra patienter un peu car je vais devoir me consacrer à un projet musical urgent, mais une grande part de l'approche est là...
      En attendant, délecte toi de cette poignée de petites pépites, elles sont chacune un îlot de pur plaisir musical.
      à très bientôt.

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  2. Moi aussi sur le tard, très tard même. Tellement bercé par cette musique que le paternel passait beaucoup avec Nat King Cole. Je crois même qu'il y avait Johnny Mathis, Dean Martin, Mitchum... bref, il adore ces voix d'exception. Longtemps gamin, j'ai cru que c'était les artistes pour Noel..ts les ans on les ressortait...et notamment Sinatra. Sa voix est posée dans un écrin.. tout autour de lui est absolu, à son service, grandiose.
    Sur la tard, car c'est Echiré qui m'a fait découvrir Watertown que j'adore.. justement pour le truc en plus, le sombre.
    Pour y replonger je suis allé acheter la série Real Gone jazz, ses 18 premiers albums sur 8 CD. Tout est revenu logiquement, tout coule de source 1957 à 1962. L'époque, les pochettes, le son, voix, mélodies, arrangements, phrasé, possession des chansons.. absolu.
    En bloc, j'ai rien qui se détache un disque plus qu'un autre, c'est vraiment un tout. Mais du coup, et vu sa discographie colossale, j'ai tjrs de grosses lacunes 70's 80's.....
    Ceci dit, je vais essayer de bosser sur la fin de ses phrases, essayer de capter l'excellence dont tu parles.
    Merci Pax

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    1. Merci de ton retour.
      Il a une telle discographie Frankie... une somme qui serait presque un résumé d'une certaine Amérique finalement, mythes, légendes et mafia...
      Il a joué avec les plus grands (Quincy, Basie), invité Louis, Ella...
      Lire ses bios selon les auteurs serait presque t'accaparer à temps plein comme écouter l'ensemble de ses albums, d'ailleurs.
      Alors, moi, je plonge par périodes, par besoin, par envie - une sorte de réflexe que de l'écouter quand j'ai besoin de positif, même quand il chante blues ou nostalgiques ballades, quand j’ai besoin d'Amérique, aussi voir certainement de Jazz...
      L'immensité artistique ne s'explique pas, elle peut s'analyser, on peut chercher des raisons ou formuler des évidences, mais, à la base... l'homme et ce qu'il génère en ce sens y sont bien pour quelque choses et ce n'est pas tenter de les imiter qui fera quoique ce soit de plus...
      Donc je réitère que Frankie est aussi pour moi un "modèle" correspondant à ce terme d'artiste.
      J'en vois qui sourcilleront...
      On s'amusera sur les termes plus tard, ceux comme génie, créateur, interprète, talentueux...

      Artiste... Art, Projet Artistique... le haut du catalogue de nos énarques administratifs du ministère de la "culture"...

      Allez, courage, chante mon Vincent, y'a que ça de vrai (mais fais gaffe dans le métro tout de même...)
      à +

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  3. Fallait que je prenne mon temps
    Je t’ai lu comme on lirait un amoureux qui court après la formule qu’il n’a jamais écrite à personne d’autres. C’est l’effet Sinatra.
    Donc tu mets en lumière
    « Blues in the Night »
    Comment isoler Sinatra de cette époque cinématographique, littéraire… l’AMERICA,
    « Angel Eyes »
    Ici, tout le monde s’y met, tu ajoutes le texte spleen à la mélancolie du titre, plus qu’un s’afficher le « Nighthawks » de Hooper. Chez Sinatra, meêm les clichés ont de la gueule
    « One For My Baby »
    Bon, cette fois ci mon cœur se déchire, j’ai encore et je me repasse la version de Billie Holiday. Forcément c’est tellement imprimé en moi qu’entendre Franck vouloir l’en déloger. Sinatra le voyou.
    Par contre, il suffit d’entendre la chouette version de Robbie Williams pour comprendre ce qui pour le coup l’éloigne de ces Stars que sont Franck et Bilie.
    « Stars Fell On Alabama »
    C’est qu’il nous ferait croire que l’Amérique n’est que belle. Ça swingue, comme Jerry Lewis aime montrer
    « Moonlight In Vermont »
    Ha ha ha toi aussi, comme je disais plus haut, on finit par l’écouter puis lui écrire. Franck c’est un manipulateur, un poison et on en redemande.
    Cadeau :
    001. Frank Sinatra - Sinatra Duets II - Moonlight In Vermont (Duet With Linda Ronstadt)
    http://www10.zippyshare.com/v/A49rm28E/file.html
    « Autumn In New York »
    « cette escale forcément romantique se charge d’un brin de nostalgie amoureuse » Yes monsieur. C’est exactement ce que je ressens

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    Deux commentaires, deux sensations
    Son changement de voix. Le « Autumn In New York » chanté fin 40 était moins GOLDEN voice.
    Ce qui m’a frappé c’est la différence par exemple entre
    001. Frank Sinatra - The Best Of The Columbia Years, 1943-1952 (Cd3) - Night And Day
    http://www59.zippyshare.com/v/CThGqewg/file.html

    10 ans plus tard ou advantage… Sinatra le tueur est né
    002. Frank Sinatra - The Reprise Collection CD1 - Night and Day
    http://www59.zippyshare.com/v/G62Zhy3H/file.html

    Et cette histoire de collaboration, deux échecs commerciaux pour deux grands disques aujourd’hui. « The Genuine Imitation Life Gazette » de Four Seasons qui entendu par Sinatra demandera aux deux compositeurs d’écrire « WaterTown » autre plantage mais aujourd’hui !!

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    1. Merci d'être passé pour ce grand commentaire.
      Il y a tant à te répondre.
      Billie, Ella et tant d'autres ont, comme j'ai tenté de l'exprimer, apporté un style, une personnalisation ou encore de l'inimitable, mais Frank lui, c'est la grande variété internationale... celle qui peut (et) touche tout le monde, l'effet Frankie, donc...
      Comme tu le présentes, sa carrière a évolué, heureusement, d'ailleurs c'est aussi en cela qu'il est fondamentalement artiste, tant dans son approche, son interprétation et ce, relativement à son vécu, son expérience, sa bouteille mais sa vie aussi... de ses standards, de son répertoire...
      Amis après avoir boudé les jeunots du rock et de la pop^il a tout de même réagi positivement sur leur très belles chansons en voulant se les approprier et les faire siennes - il aura donc cherché à actualiser et intégrer les nouvelles données musicales et s'entourer des personnes qui lui paraissent correspondre le mieux, certainement, à son souhait de "s'actualiser".
      Watertown est un exemple, mais ses duets même posés sur les clichés big band, cordes et cie, invitent le gratin de l'actualité star et leur impose de chanter le jazz... et franchement, par exemple C.Dion dans All the Way c'est carrément la tuerie en frissonnements...

      Le mot artiste est galvaudé, et ce, de plus en plus, déviances médias oblige...
      Le mot star l'est encore plus...
      Frankie en était une, au sens noble du terme...
      Savoir et m'en souvenir me suffit, il faut bien avoir en tête un exemple, une référence, un modèle...

      Bon, il y aura le chapitre 2, et surement un 3, mais de tout façons, à chacun son Frankie, alors...
      Mais parfois, sortir une chanson d'un lot, des poncifs des best of... indirectement, ça ouvre le champ ailleurs...
      Une de ses toutes premières versions de Night and Day... la petite perle du plaisir...

      à très bientôt.
      Je crois savoir qu'on pourrait bien jouer à la chanson hebdomadaire, sous peu...
      Et si je le déclinais à l'exclu Frankie ?...
      c'est tentant...

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  4. Sinatra semble nous susurrer à l'oreille en ce moment, lui qui se fait si rare se retrouve en l'espace de quelques jours au sommaire de nos blogs respectifs. C'est cool. Merci à Devant Hantoss de m'avoir signaler ton papier, je me suis délecté de chaque ligne. Et j'ai hâte de lire la suite.
    L’œuvre est vertigineuse et on semble être tous d'accord sur le fait qu'elle impressionne trop pour être abordée sans avoir auparavant emmagasiné le vécu qui permet de l'appréhender comme il se doit. On sera aussi d'accord pour constater qu'une fois que c'est fait, elle ne nous lâche plus.
    Hugo Spanky

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    1. hello,
      j'ai mis du temps à réaliser que tu avais envoyé un comm'... ce sacré blogger qui parfois zappe de me signifier par ma boite mail d'un comm', alors j'ai du retard en réponses...
      je te remercie de ce retour - ici les lecteurs sont peu nombreux mais prennent leur temps, de lire, mais aussi d'écouter commenter, pas de zapping - le temps utile à la musique.
      le second chapitre est en cours mais là je me suis mis dans un jeu...
      ça faisait un bail et l’exercice était intéressant à refaire.
      j'ai d'ailleurs failli "tricher" en faisant le jeu uniquement sur Frank Sinatra... mais bon, faut peut être pas abuser :)

      je vais rester sur le Sinatra Capitol et un peu avant si jamais, selon...
      c'est réducteur, mais en fait, je suis dingue des orchestrations et orchestrateurs de cette glorieuse et je les ai analysés, décortiqués, transcrits aussi, pour moi, pour mes cours, mes élèves, etc... c'est souvent un exemple que je mets en avant dans mes propos sur l’écriture musicale.
      Sinatra savait s'entourer et comme j'aime à le démontrer chez lui, la "gratuité" n'existe pas - il prend le sujet, qu'il soit texte (prioritaire) et enrobage musical à fond et se l'approprie.
      je réitère cette notion d'artiste tellement galvaudée, de star tellement minablement usitée, etc..;

      je suis allé sur ton blog ce week end car les comm's sont en mode info via mon mail et ai suivi les lamentables discussions de pascal arcade en mode punky concon, genre façade, genre je me le fais punk, genre mélange tout, genre rebelle à la mode VIP (j'en ai plein St Tropez de ces rebelles en Harley arborant un jean à 400€ mini et réservant les palaces pour se rendre au w end broum broum arborant tant Johnny que les Stones ou les Ramones, selon que la marque fashion en vogue sort le tee shirt dans telle ou telle période...)

      tes réactions sont normales et moi même ayant été au cœur de tels débats stériles dans mon ancien blog où j'ai dû subir les assauts de tels branleurs du système, de tels convaincus prêcheurs de la forme sans le fond, etc...
      ce mec estimera de toute façon avoir "raison" et même si il semble baisser la garde car en manque de réels arguments face à ta culture qu'il n'a pas, "allez c'est pas grave, on va s'en boire une...", ici je ne veux plus de ces parasites qui n'ont comme oreilles que des oeillères... je pense qu'un commentaire se doit d'être non dithyrambique, mais en tout cas un minimum constructif.

      "désolé, je n'écoute pas ce genre de bruit" m'a sorti un commentateur certainement humoriste à ses heures suite à un article sur Mozart - ce jour là, j'ai compris à quel point l'écriture sur le web pouvait être affectivement perverse, inutile ou encore stérile.
      Là tu te dis, que si t'écris pour récolter de tels lecteurs il faut, soit rallonger la donne, soit arrêter tout court, en tout cas réfléchir...
      j'ai pris deux ans quasi, avant de revenir et franchement je ne suis pas encore vraiment convaincu de la validité de cette décision, c'est donc selon le temps, l'humeur, l'envie... que je publie...

      ton constat punk / rap est simplement réaliste.
      ça ne met pas en cause la nécessité qu'ont eu ou qu'ont encore ces "mouvements"...
      quel que soit l'entrée artistique dont on reste marqué au sceau ou dont on peut s'échapper, selon sa capacité à le faire, un blaireau reste un blaireau, un créateur sait ce qu'il a à faire...
      Police, Joe Jackson (si bien nommé) télévision... et tant d'autres Clash...
      Abd Al Malik (j'insiste), Eminem - le rap et le slam ne sont pas ma tasse de thé, mais bien obligé (boulot) de survoler et parfois...

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    2. suite
      de tels débats autour de frankie, juste parce que dans l'homme au bras d'or il se seringue les veines et qu'on se doit, en bon rebelle antisocial de le classer sous un sticker (j'ai bien lu tes échanges) punk, c'est tellement has been, tellement inculte, tellement stupide... ce allant jusqu'à te dénicher et t'imposer d'écouter un aspect légèrement rock (ici swing dévié guitares... bill haley), de Sinatra... wha...
      un peu comme si un fan de Kandinsky tentait de voir dans l'école flamande des réminiscences géométriques prémonitoire du grand génie, juste parce qu'il ne voit l'art qu'à travers son bout de lorgnette...

      j'ai assisté il y a un temps à une conférence où un type tentait de nous convaincre que Duke Ellington et Franz Liszt c'était... pareil. j'ai tout tenté pour m'en convaincre mais là, franchement, à part le fait qu'il y croyait dur comme fer, je n'ai pas trouvé la moindre connexion... mais il y croyait le gars... et pouvait même te le faire gober.
      seuls les politiques arrivent(aient) à faire de même (maintenant on est plus méfiants... enfin, quoique...) avec le martelage de leurs convictions.

      bon courage donc car il n'en restera pas là et va te pourrir chacun de tes articles à venir ... jusqu'à ce que tu le dégages.
      et merci de ton passage, il y aura une suite, puis, peut être une autre, le sujet est vaste...
      cordialement

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    3. Ah les commentaires... C'est un vrai paradoxe, on en souhaite des constructifs, mais on a ce qu'on a et il faut faire avec. Certains peuvent être assez désespérants, mais même les plus bas du front peuvent s'avérer utiles pour préciser une pensée, parfois même un commentaire agressif aide à comprendre comment mieux s'exprimer. Il n'est pas toujours évident de transcrire sa pensée en mots qui la reflètent fidèlement. D'autant que j'aime titiller les nuances, les contrepieds, et tu as dû remarquer toi aussi à travers ton blog à quel point le second degré passe mal le cap de l'internet.
      Après, bien sur il y a les obtus, qui finalement se fatiguent tout seuls. J'ai perdu pas mal de ceux-là au fil des ans, en général ils claquent la porte en me décrétant facho )))) Tout ça n'est pas bien grave, d'autres arrivent et au bout d'un moment, ça s'équilibre et on finit par former une petite bande plutôt sympa et assez hétéroclite. Ce qui est parfait. Rien ne serait plus ennuyeux que de ne prêcher que des convaincus ou de ne lire que sur ce que je connais déjà par cœur.
      L'essentiel pour moi, c'est de tenter d'interpeller, attiser la curiosité, de sortir du ronron des classements des chef d’œuvres normalisés, en espérant tomber sur des blogs qui me font le même effet, me permettent de découvrir de nouvelles musiques, ou du moins de nouveaux angles pour aborder un disque, un musicien, un film. Et tant mieux si ça polémique, ça met de la vie.
      Ne te laisses pas décourager, il est précieux de pouvoir lire ta prose. Tu es pertinent et pointilleux, exigeant de l'exactitude de ce que tu avances. Si tu regardes bien, on fait du meilleur boulot que bien des "journalistes". Ce que je lis dans nos divers blogs a plus de tenue et de rigueur que les horreurs qui me sautent aux yeux lorsque je commets l'imprudence de feuilleter la presse "rock". Et plus de passion aussi. Ce qui est le plus important sans doute, la passion.

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    4. Je te suis complètement.
      Tu résumes finalement l'ensemble de mes convictions
      Et puis ce mot... passion !

      Les chroniqueurs ?
      Lis le rock n folk cinquantaine. Enfin... lis, c'est beaucoup dire...
      Juste l'article de Eudeline... Point Barre...
      Sinon ? Pathétique de platitude...
      Pourtant j'avais presque failli y croire - 50 ans ! Même pas capables de se fouler un peu en dialectique, sujet, syntaxe...
      Pffff. ...
      Allez à plus (comm' tablette, galère. ..)

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